Ukrainienne et fière de l'être, Elena* est arrivée il y a six mois en Lettonie pour travailler dans une garderie à Sigulda, à l'est de Riga. Elle part dans quelques jours et son discours sur le pays est un véritable éclairage sur l'Europe de l'Est. Complètement intégrée, parlant letton à en faire pâlir d'envie, russe, ukrainien et un anglais parfait, cette jeune femme me dit avec un grand sourire que le hasard la menée dans ce pays si petit.Diplômée en psychologie et en sociologie, elle travaillait dans un cabinet de recrutement. Un jour, elle reçoit cette proposition de volontariat : un bon moyen de sortir de son pays si fermé et de découvrir d'autres réalités, notamment celle de faire partie de l'Union Européenne. Bien-sûr, la Lettonie est encore un jeune pays mais avec une histoire semblable à celle de l'Ukraine. Pourquoi l'Ukraine ne fait pas partie de l'Union Européenne si les pays Baltes y sont ? Vaste question auquel il est difficile de répondre. "Je n'ai pas assez de connaissances en économie et en politique pour trouver de véritable réponse à cette question" me dit-elle les yeux pétillants.
"Partir en Lettonie était un signe de la volonté divine" ajoute-elle. Elle est patriote et défend ses origines tout en étant consciente des faiblesses de son pays. La Lettonie pour elle, ressemble à l'Ukraine : même histoire communiste, mêmes problèmes de stabilité, même organisation sociale… Un avantage énorme en plus : la liberté de circulation, la possibilité de faire partie de programmes d'échange, de découvrir 27 pays sans visa, de voyager, de s'ouvrir et de participer à la construction d'une union multiple.
En Ukraine, obtenir un visa est long et coûteux. "Il faut aller à Kiev, attendre, payer, parfois le visa est refusé et il faut tout recommencer" se lamente-elle. Elle ne peut pas rester un jour de plus en Lettonie sous peine d'être emprisonnée. Avant de partir, elle a dû prouver aux autorités qu'elle allait travailler légalement dans une association, qu'elle ne partait pas pour alimenter un commerce de prostitution… Un véritable parcours du combattant.
Malgré les difficultés, elle est fière de son pays et en rien ne voudrait le quitter. Son souhait le plus cher serait qu'il rentre dans l'Union Européenne pour avoir la possibilité de voyager davantage, rencontrer d'autres cultures et que l'Ukraine soit accessible.
"Je suis heureuse d'avoir vécu cette expérience, j'ai pu rencontrer beaucoup de jeunes et me forger d'autres opinions, abattre certains préjugés" conclut-elle. Parce que "rien ne peut être fait dans la solitude" Pablo Picasso.
*Le prénom a été changé.
