Mais qui sont les touristes de Riga ?

Le petit groupe d'une vingtaine de personnes se forme, direction le premier bar - le Kiwi - à quelques pas de l'hôtel. Les voyageurs se mélangent et la fameuse question fuse : "et toi, tu viens d'où ?" Au fil des conversations, je mène ma petite enquête, quelques uns sont surpris, d'autres viennent vers moi en me demandant "tu es journaliste ?" Dans l'ensemble, ils sont amusés et surtout prendre le temps de voyager, d'aller à la rencontre des populations locale est en général quelque chose qui ne fait pas partie de leur motivation première. Ce serait plutôt la culture, l'histoire ou encore la fête.

Tout d'abord, je discute avec Giacomo d'Italie, venu spécialement pour le Baltic Beach Festival de Leipaja qui commence le week end prochain. Pour une semaine avec des amis, il cherchait un pays peu touristique et découvre Riga au fil des jours. Avec lui à ce moment, Jorge, un espagnol de Valladolid. Son objectif : 1 nuit - 1 capitale d'Europe. Gros challenge qui arrive à sa fin : il lui reste la Russie, la Norvège, la Suède et la Finlande à visiter. Il voyage seul : "les espagnols n'aiment pas trop voyager eten plus on parle tellement mal anglais que ça devient un inconvénient." Profitant au jour le jour, il trouve que Riga est une belle ville, restaurée pour les touristes et est un peu déçu par le tourisme sexuel croissant. Son périple dure 5 jours, les autres capitales Baltes sont de la partie. On se quitte sur un joyeux Carpe diem !


Ensuite, j'aborde un groupe de jeunes Belges de Liège. En vacances pour cinq jours, elles ont choisi Riga pour le vol pas cher de Ryanair. Le but de ses étudiantes ou jeunes travailleuses : passer un bon moment entre copines, profiter de la bonne ambiance de l'hôtel et découvrir une ville à l'architecture fascinante. C'est Carole qui m'en dit le plus, on sent qu'elle est à l'origine de ce voyage : "Riga s'est beaucoup développé ses dix dernières années, l'esthétique des bâtiments reflètent une vraie histoire et pas seulement la période soviétique. Je n'avais pas d'expectatives particulières, je préfère apprécier une ville telle qu'elle est plutôt que l'image que j'en ai dans mon imagination." Donner un nouveau regard sur les pays de l'Est à ses copines était l'objectif. "Tout n'est pas gris et carré, au contraire !" Pari plutôt réussi.

Emiel, des Pays Bas, me présente son voyage un peu de la même manière : parti pendant deux semaines avec sa copine à la découverte des pays Baltes, il passe cinq jours en Lettonie, principalement à Riga. Ces deux backpackers sont convaincus que les trois pays sont une bonne porte d'entrée aux pays de l'Est et moins impressionnants que la Russie. Bon marché, facile d'accès, avec une histoire intéressante et différente pour chaque pays, ils sont quand même un peu déçus de voir Riga aussi organisée pour les touristes : envie d'un peu plus d'aventure ? Ils cherchaient quelque chose de plus authentique, peut-être moins à la mode. Mais en aucun cas ils regrettent leur voyage.


Viennent ensuite, les voyageurs longue durée. C'est le cas de France qui a quitté Melbourne, Australie, pour neuf mois de voyage autour du monde. "J'ai fini mes études, je voulais prendre du temps, c'était le moment ou jamais" me dit-elle avec un grand sourire. Au bout de trois mois de périple et cinq pays traversés, elle s'arrête à Riga avec deux copines en revenant de Russie et avant de partir vers la Pologne. Pourquoi Riga et pas Tallinn ou Vilnus ? "Riga me semblait plus attractif, avec une histoire et une architecture dignes d'intérêt". En deux jours, elle a vu l'essentiel de la ville et est satisfaite de ses rencontres. "Quand tu voyages seule, tu rencontres plus de monde, c'est super et à Riga, j'ai l'impression d'être dans un conte de fée !"

Puis, je rencontre Nathanaël, un jeune français qui roule sa bosse jusqu'à Shanghaï. Il a treize jours à passer avant de prendre le Transsibérien à Moscou. C'est une escapade marathon qu'il s'offre à Berlin, Varsovie, Cracovie, Vilnus, Riga, Tallinn et enfin Saint Péterbourg. A la recherche d'aventures et de découvertes aussi bien culturelles qu'avec les voyageurs, Riga est son coup de coeur des pays de l'Est. "Comparé à Vilnus, il y a une bonne ambiance. En Pologne, l'architecture stalinienne est encore très présente. A Riga, la ville a son charme entre les bâtiments art nouveaux et les églises. La vie n'est pas chère et les rencontres sympas !" Le hasard fait bien les choses.

Je discute ensuite avec Owen (Shanghaï, Chine) qui passe un an en Europe. Il visite toutes les capitales d'Europe de l'est. Arrivé la veille à Riga, il y a passe trois jours. Pour le moment, il aime la rivière mais me dit très sincèrement qu'il a été dans tellement de villes, qu'il n'arrive plus à faire la différence, elles se ressemblent toutes. Peut-être que prendre son temps serait la clé du souvenir ?

Je finis la soirée avec deux écossais, c'est le troisième bar, ensuite j'abandonne, la bière est trop abondante pour mener à bien une discussion !
Ross et Andy, de Glasgow, Ecosse, découvrent les joies des Etats Baltes grâce à Ryanair. Deux semaines de vacances, un vol pas cher, en clic sur Internet, ils traversent la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie avant de reprendre l'avion en Finlande - "au milieu de nulle part" comme me dit Ross. Pour eux, Riga est une ville sympa, qu'ils apprécient notamment pour sa fraîcheur comparée à Vilnus. Seul regret dans leur escapade low cost : trop d'anglais qui viennent pour la bière pas chère, les enterrements de vie de garçons et les jolies baltes aux jambes bronzées vêtues de mini-jupes. Andy clôt la discussion par une phrase très inspirée : "je suis développeur web, Ross est architecte et nous sommes ici pour conquérir le monde !"