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La terre pleure ses cendres à Salaspils

Dimanche 1 Août 2010

Sur la route de Moscou, situé à une vingtaine de kilomètres de Riga, se trouve le camp de concentration de Salaspils. Environ 100 000 personnes ont été assassinées pendant la deuxième guerre mondiale. 

La Lettonie recensait une grosse communauté juive jusqu'à la Deuxième Guerre Mondiale. Dans certaines villes, plus de 60 % de la population était juive. Aujourd'hui, la communauté représente 0,4 % de la population lettone. La décimation et l'immigration sont les deux facteurs de la disparition des Juifs en Lettonie.

Au début de l'occupation allemande, les Juifs de Riga furent parqués dans un ghetto. Malgré les efforts de résistance des habitants, ils furent tous exterminés en 1943. Aujourd'hui, ce ne sont que quelques rues banales. L'Histoire n'a pas laissé de trace dans Riga mais à Salaspils, une sculpture a été érigée ans la forêt. Des plaques de grès sont assemblées et gravées aux noms des victimes. De haut, on retrouve le plan du ghetto.

Mais Salaspils, ce n'est pas qu'une sculpture, c'est un lieu chargé de mémoire. Pour visiter le camp de concentration nazi "Kurtenhof", je prends le train et j'arrive au milieu de la forêt. La terre pleure ses cendres et la configuration des lieux me laisse imaginer les plus ignobles desseins.

Entre 1941 et 1944, environ 45 000 Juifs de Riga et 55 000 prisonniers furent assassinés. Ils venaient de Lettonie, de Biélorussie, de Pologne, de République Tchèque, d'Autriche, des Pays-Bas, d'Allemagne et parmi eux, 7000 étaient des enfants.

Après une marche dans les bois - des images de fusillades me viennent en tête - j'arrive sur un terrain de 40 hectares. A l'entrée du parc, une inscription de l'écrivain letton Eizens Vevinis, emprisonné puis tué. "Derrière ces portes, la terre gémit".

Seul un bunker servant de musée et des sculptures jalonnent l'espace. Une pierre géante avec un métronome rappelle le battement du coeur humain et de la vie. Je me promène parmi les allées. Il est difficile d'imaginer au milieu de cette prairie verte, un camp de concentration fumant.

L'endroit me laisse pensive : certes il y a un mémorial mais existe-t-il un devoir de mémoire en Lettonie ?  L'occupation soviétique aurait-elle effacé complètement les traces d'une conscience religieuse ? Les jeunes Lettons voient-ils le futur en oubliant le passé ? Ce sont des questions auxquelles je n'ai pas de vraies réponses. Seules des données historiques me sont accessibles.

Après avoir assassinés des milliers de victimes, les Nazis, désireux de détruire les preuves du génocide, firent rouvrir les fosses communes. Les corps étaient brûlés et les prisonniers chargés des opérations tués pour ne pas laisser de traces. Quand, en octobre 1944, les Soviétiques entrèrent dans Riga, quasiment tous les Juifs de la ville avaient été exterminés.

Aujourd'hui, le pays compte 10 000 Juifs. L'ambiance de Salaspils rappelle une tragédie du XXe siècle et l'ambiance est lourde et traumatisante.
 


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