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Karosta, le quartier russe interdit aux Lettons

Dimanche 25 Juillet 2010

 Toujours à Liepaja, je suis allée me promener à Karosta, un quartier russe interdit aux Lettons pendant l'occupation. Couvrant 1/3 de l'ensemble de la ville, ce ne sont qu'allées vides, bâtiments de briques rouge et arbres verdoyants.

Pour me rendre à Karosta, je prends un mini bus depuis le centre ville. Le problème : je ne sais pas exactement où je vais, il n'y a pas de plan de bus, le chauffeur ne comprend pas ce que je lui dis et ne s'arrête qu'à la demande. Au bout d'un moment, je décide que je devrais être arrivée et je suis gentiment larguée au bord d'une route vide. Histoire de me mettre dans l'ambiance, il n'y a que des panneaux en russe.

Je finis par me repérer sur un plan et coup de bol, je ne suis pas loin de la grève de deux kilomètres et des fortifications du port militaire. Je commence à marcher dans un autre monde : tout est sauvage, les maisons sont délabrées, les pêcheurs ont le teint buriné par le vent et le soleil, les touristes sont rares alors avec ma caméra, je dénote dans le paysage !

Liepaja est appelée la ville du vent à cause de son orientation entre la mer et un lac. Aujourd'hui, le vent souffle et sur la grève la progression est agitée. Au loin, se détache la cathédrale orthodoxe Saint Nicolas. Je passe par la plage pour la rejoindre, l'eau est tiède, quelques baigneurs téméraires trempent leurs orteils.

J'entre en Russie : plus aucun panneau en letton. Pas que je sois déjà devenue bilingue, mais d'illettrée, je deviens analphabète… La cathédrale s'impose avec ses bulbes dorés au milieu d'un ensemble gris. Un rayon de soleil miroite sur le toit. Deux particularités notables : bien que construite en 1901, elle est bâtie sur un modèle 1700 et les dômes sont soutenus par des croisées voûtées et non pas des colonnes. Pendant la Deuxième Guerre Mondiale et jusqu'en 1990, elle servit de cinéma et de complexe sportif…

Je traverse ensuite d'immenses allées désertes et me dirige sur la prison de Karosta. Elément charnière du quartier, elle a été en fonction jusqu'en 1997 et a été construite sous Alexandre III à la fin du XIXe siècle. Les soviétiques en font une prison militaire et aujourd'hui encore, il est possible de payer pour se faire passer pour un prisonnier. Contre 10 Lats (14 €), vous pouvez passer la nuit en prison, dormant dans une cellule délabrée et humide, vous faire réveiller en pleine nuit pour faire des pompes au milieu de la cour sous les hurlements des gardes. Vous êtes tenté ?

L'accueil est glacial, les "gardes" me passent un savon dès que je passe le porche. L'alarme est déclenchée, un "officier" court vers moi et me hurle dessus en Russe. Quand je lui réponds en Anglais que je voudrais juste visiter l'endroit, il me dit en roulant les r que je dois effacer les photos que j'ai prises… Pas la peine de hurler, vraiment.

Laissé pour compte au milieu de la cour, je vais quand même m'asseoir sur un banc et attends mon tour. Quand je vois une colonne de touristes s'avancer le long des murs et écouter docilement le "garde" qui les somme de se tourner de trois quarts, seuls les images des camps de concentration me viennent à l'esprit. C'est trop, je refuse de payer pour jouer à l'esclave soviétique. Je déguerpis sans demander mon reste.

Comme une prisonnière en cavale, j'erre dans les allées à la recherche d'un bus. Personne, pas d'arrêt, juste moi et mes pieds fatigués. Je traverse un pont et décide que n'importe quel véhicule fera l'affaire. Ce fut un autre mini bus qui me dépose dans le centre ville et qui achève ma visite de Karosta.

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