Titre nouvelles

Rezekne, une ville dirigée par les Russes

Mardi 3 Août 2010

Après Riga et la Courlande, je me dirige vers l'est du pays. Direction Rezekne, dans le Latgale, septième ville de la Lettonie et capitale de la région des Lacs Bleus. 

Il me faut presque 5h de bus pour parcourir les 270 km qui me séparent de Rezekne depuis Riga. Mais la lassitude disparaît quand le bus entre dans la ville. Je suis enfin à Rezekne, ville pilier de mon voyage. Enfin, je le pensais. Les voyages ont leur lot d'imprévus et malheureusement, mes interviews au centre social sont refusées. Il me reste trois jours pour en trouver un autre et rencontrer des jeunes. Chose faite : le projet a un nouveau partenaire, le centre pour jeunes "Jacis Centrs". Je commence ma visite de la ville.

Ville un peu fantôme, Rezekne a été presque entièrement détruite pendant la Deuxième Guerre Mondiale à cause des bombardements. Je flâne paisiblement dans les rues, découvrant à chaque minute une ville russe et non pas lettone. Moscou est à 600 km, les bâtiments datent de l'Union Soviétique : imposants, en briques rouges, austères et peu accueillants. La ville est loin d'avoir le charme de Riga. Au loin, surgit une petite église orthodoxe au toit bleu ou les ruines d'un château livonien. Dans un parc, un monument pour les soldats tombés au combat. Le plus remarquable reste la statue de Mara, détruite par les Soviétiques en 1940 et érigée de nouveau en 1992, à ses pieds, une inscription symbolique "Lettonie unie".

Vu de cette manière, la bourgade ne paraît pas très attirante. J'ai la chance de loger chez Vita qui me présente les coulisses de la ville et surtout, ce sont nos discussions sur la politique de Rezekne qui m'en apprend le plus sur l'histoire et l'organisation de la ville.

Rezekne compte 39 000 habitants et depuis quelques années a un solde de migration négatif. Aux dernières élections en 2009, 17 partis étaient présentés dont 11 partis lettons et 6 partis russes. Les russes ont gagné grâce à leur coalition et seulement deux lettons participent au conseil municipal. Il se divise entre 10 députés de la Saskana ("Harmonie", gauche russe), 2 députés de Vienota Rezekne ("Rezekne Unie", droite libérale lettone) et un député de Latvija Pirma Partija ("Pour la Lettonie", parti national letton de droite).

Pour les lettons, c'est une grosse défaite et surtout l'occasion, une fois de plus, d'en vouloir à la communauté russophone. L'enjeu est simple : cette communauté est privilégiée socialement et il est difficile de faire valoir l'identité lettone. Nombreux sont les jeunes qui préfèrent quitter la ville, voire le pays à la recherche d'un meilleur climat social.

Pourtant quand on sait que 50 % de la population de la ville est russe, on pourrait penser qu'il est normal que le maire et la majorité du conseil municipal soient de cette communauté. A cette réflexion, Mara, impliquée dans un parti politique letton "Vienota Rezekne" s'indigne : pour elle, la Lettonie est aux Lettons et malgré les années d'occupation et l'influence soviétique, il est hors de question que la politique russe gagne davantage de terrain.

Depuis 2004, la Lettonie fait partie de l'Union Européenne et s'ouvre de plus en à l'Ouest, la communauté russe profite de ces avantages de mobilité, d'aide sociale tout en étant liée à Moscou. Qui a dit que la politique n'était pas un jeu d'hypocrites ?

Album photos

More about: regarde , lettonie , latgale , rezekne , russe , politique
commentaires
Your email will not be disclosed anywhere
Dernières News